Les enjeux de la prévention au travail encore sous-estimés
Chaque année, depuis 1996, la Journée mondiale de la sécurité et de la santé au travail est célébrée le 28 avril. Une date unique pour rappeler, qu’aujourd’hui encore, des personnes meurent à cause de leur activité professionnelle. Un triste constat, qu’il est nécessaire de dresser car ces pertes humaines constituent de véritables drames, et leur nombre reste malheureusement élevé.
En effet, selon les dernières données publiées par l’Assurance maladie en 2022, on comptait :
- plus de 560 000 accidents du travail (AT) donnant lieu à un arrêt de travail dans le secteur privé, dont près de 35 000 laissaient de graves séquelles aux salariés concernés ;
- 738 décès liés à un accident du travail (hors trajet).
Or, on sait qu’ils sont plus nombreux puisque ces chiffres ciblent uniquement les travailleurs du secteur privé. Ne figurent donc pas les salariés relevant d’autres régimes, les auto-entrepreneurs et les autres non-salariés.
De même, à l’échelle mondiale, les chiffres ne sont guère meilleurs puisque, tous les ans, près de 3 millions de personnes meurent en raison d’accidents et de maladies liés au travail. Mais ils mettent en évidence un constat alarmant : les enjeux de la prévention et de la sécurité au travail sont sous-estimés. D’où la nécessité de renforcer les actions de sensibilisation.
Quels sont les secteurs d’activité les plus touchés par les accidents du travail ?
En France, les accidents du travail dans le secteur privé ont diminué depuis l’après-guerre. Néanmoins, depuis 10 ans, ils stagnent et certains domaines d’activité et métiers sont davantage concernés. Il s’agit des secteurs :
- de l’intérim ;
- de l’agroalimentaire ;
- des transports ;
- du BTP ;
- de la santé
- du nettoyage.
Il est également important de préciser que :
- les hommes sont plus exposés que les femmes ;
- les accidents surviennent le plus souvent lors d’opérations de manutention manuelle, à cause de chutes de hauteur et de plain-pied ou de l’utilisation d’outillage à main.
De même, plusieurs enquêtes sociologiques ont révélé que ces AT :
- sont souvent liés à des modes de production intensifs, comme une urgence permanente et des délais serrés ;
- concernent principalement les ouvriers, les jeunes et les travailleurs précaires, dont la vulnérabilité est exacerbée par la sous-traitance et l’absence de syndicalisation.
Comment mieux prévenir ces accidents et améliorer la sécurité des travailleurs ?
A la lecture de ces chiffres, se posent deux questions :
- La prévention des accidents du travail est-elle insuffisante ?
- La sécurité des travailleurs est-elle sous-estimée ?
Les réponses sont positives… mais depuis peu, on note une amélioration, une prise de conscience des enjeux liés à la prévention et la sécurité. Comme le note le site Inforisque, plusieurs initiatives ont été mises en place, dont :
- la création d’un collectif des familles de victimes ;
- les campagnes de communication de l’association « Cordistes en colère, cordistes solidaires » qui rendent plus visibles les AT sur les réseaux sociaux ;
- un plan pour la prévention des accidents du travail graves et mortels pour 2022-2025 du Ministère du Travail ;
- des articles et dossiers dans la presse.
Des actions indispensables pour sensibiliser à ces accidents, qui peuvent entraîner des pertes humaines.
Ces chiffres nous rappellent aussi que la formation en santé et sécurité au travail reste fondamentale, mais elle ne peut pas tout faire. Il est aussi essentiel de s’interroger sur l’organisation du travail et sur le respect, par les employeurs, de leur obligation de sécurité à l’égard de leurs employés.