Triste constat : un tiers des défibrillateurs ne fonctionnent pas en France
Fin mai 2024, un constat inquiétant a fait la une des médias : un tiers des 500.000 défibrillateurs installés en France, dans des lieux publics, ne fonctionnent pas. Ce chiffre alarmant a été révélé par Matecir Defibril, société mère de Stoporisk, à la suite d’un audit. Pendant 2 ans, entre 2021 et 2023, elle a inspecté 6 021 défibrillateurs automatisés externes (DAE). Or, 60% d’entre eux présentaient une anomalie pouvant entraîner un dysfonctionnement. En cause, le plus souvent, des consommables périmés parce que les établissements, les organismes ayant mis en place ces DAE ignorent qu’ils doivent :
- s’assurer de leur bon fonctionnement ;
- remplacer différents consommables, dont les piles de la batterie.
Un constat problématique car ces appareils jouent un rôle crucial en cas d’arrêt cardiaque, et augmentent les chances de survie des victimes. Il est d’ailleurs déjà – malheureusement – arrivé que des témoins d’un arrêt cardiaque ne puissent pas utiliser un défibrillateur sur une victime en raison d’un problème de fonctionnement. Mais alors, comment remédier à cette situation ? Et surtout, comment l’expliquer ?
La maintenance de ces appareils au cœur du problème
La France est engagée depuis près de 20 ans dans la lutte contre la mort subite par arrêt cardiaque. Ainsi, en 2007, un décret a été pris qui autorise toute personne à utiliser un défibrillateur. Puis, en 2018, une loi a été votée qui rend obligatoire l’installation d’un DAE dans les établissements recevant du public (ERP). Cette obligation a été mise en place progressivement, catégorie par catégorie d’ERP. Mais cette obligation d’installer un DAE n’est pas la seule qui leur incombe. Ces établissements doivent également :
- mettre en place une signalétique pour faciliter l’accès à l’appareil ;
- le déclarer au sein de la base de données nationale Géo’DAE ;
- assurer sa maintenance.
Mais force est de constater que cette dernière obligation n’est pas correctement respectée en France, comme le démontre l’audit réalisé par Matecir Defibril. Ce défaut de maintenance a été constaté sur 1949 appareils des 6021 inspectés par notre société mère, soit 32,37%, et concerne la pile interne. Un composant indispensable à leur bon fonctionnement, qui doit être remplacé quand il est périmé.
Faut-il une loi pour veiller au bon fonctionnement des défibrillateurs ?
La maintenance d’un défibrillateur a beau être obligatoire, elle n’est pas toujours effectuée. Par manque d’information sans doute. Par oubli peut-être.
C’est pourquoi l’Arlod, Association pour le recensement et la localisation des défibrillateurs, réclame une loi obligeant les exploitants à assurer le bon fonctionnement des DAE. Une telle loi existe déjà pour les extincteurs. Elle pourrait donc servir de base pour ces appareils. Cela permettrait d’éviter des problèmes de fonctionnement à cause d’un consommable périmé, qui nuisent aux chances de survie des victimes d’arrêt cardiaque. Et s’il ne s’agit pas d’une loi, il est primordial de trouver une solution efficace pour veiller à la maintenance des DAE.
En France, selon les chiffres du ministère du Travail, de la Santé et des Solidarités, entre 40 000 et 50 000 personnes sont victimes chaque année d’une mort subite faute d’avoir reçu les gestes de premiers secours. Un taux de survie faible, de 7 à 8% environ, mais qui était plus bas (2%) avant l’obligation d’installer des défibrillateurs dans l’espace public. Cela prouve bien leur intérêt… et la nécessité de garantir leur fonctionnement.